Les deux commerces fusionnent en 1953 pour donner naisance au Café des Sports.
Avec les restaurants du Cheval Blanc, du Veau d'Or et de la Boule d'Or (situé juste en face) c'est l'une des étapes gastronomiques de Sainte-Maure pour les usagers de la route.
A l'époque où Arlette y travaille, le Café des Sports entre selon le guide Michelin dans la catégorie des hôtels "simples et confortables" avec 22 chambres entre 9 et 12 francs la nuit. Le petit-déjeuner est à 2 francs, les repas s'échelonnent de 6 à 7 francs 50.
En 1962, l'établissement est tenu par M. et Mme Ploquin, les descendants d'une famille de charrons qui occupe les lieux depuis des générations et qui est à l'origine de l'ouverture du café.
L'équipe de service en place en 1962 pose ici devant l'entrée du restaurant, Arlette est tout à fait à gauche. La bière Pantherpils "grande bière export" figure en bonne place sur le store de la terrasse. Une publicité, encore visible aujourd'hui, représentant une grande panthère noire a été peinte sur un pignon juste à côté du restaurant.
Arlette se souvient que l'ambiance de travail était plus agréable qu'au Restoroute, "il fallait recevoir la clientèle le mieux possible et lui réserver quelques surprises comme cette St Sylvestre où tout le personnel était déguisé en moines". Elle se rappelle aussi avoir servi l'amiral Philippe De Gaulle en 1962 entre autres.
C'est ici qu'Arlette rencontre celui qui deviendra son époux. Cet homme occupe un emploi pour le moins original dans les pompes funèbres, en étant convoyeur de corps. Il ramène des défunts, d'origine espagnole ou portugaise le plus souvent, dans leur pays d'origine pour y être inhumés. Pour ce dernier et long voyage, le convoi mortuaire est souvent accompagné de la famille. "Il y avait deux salles de restauration au Café des Sports, l'une pour les clients de passage et l'autre pour les chauffeurs routiers. Lorsque nous accueillions un convoi des pompes (funèbres), il était servi dans la salle de passage un peu à l'écart et en priorité pour qu'il puisse reprendre la route rapidement" se remémore-t-elle.
En 1963, Arlette quitte le Café des Sports et la RN 10 pour un autre relais routier à Epannes (Deux-Sèvres) sur la RN 11 qui rallie Croutelles au sud de Poitiers à Rochefort. C'est ici qu'Arlette fait ses premiers clichés de camions et débute, sans le savoir, une importante collection.
Photographié lors d'une journée bien froide, ce SAVIEM JL 200 immatriculé en 1963 roule pour les transports Pierre Mothe, entreprise de la banlieue bordelaise toujours en activité aujourd'hui. Le chauffeur a fixé une toile sur la calandre de la cabine pour en améliorer le chauffage.
Ce Bussing, marque allemande, n'est pas très répandu sur les routes de France dans les années 1960, à l'époque où le "marché commun" ne fait que débuter. Cet impressionnant attelage appartient à la briqueterie Ayrault (dénommée aussi "ERO") située à l'entrée nord de Parthenay (Deux-Sèvres). Cette entreprise fondée en 1939 par René Ayrault emploie 220 personnes dans les années 1960 et près de 550 dans les années 1970 pour une surface couverte de 35000 m² ! Victime de la concurrence des briqueteries plus modernes elle doit malheureusement déposer le bilan en 1981; la friche industrielle est toujours présente aujourd'hui.
Toujours sur la RN 11, ce tracteur Berliet TCK immatriculé en 1956 en Indre et Loire et sa semi fourgon bâchée Trailor attendent leur chauffeur. Notez la cabine bicolore, le pare-brise en deux parties ouvrantes et la plaque "TIR".
Impressionnant cliché d'un porteur FIAT 682 N d'une entreprise italienne. Si c'est bien lui, le chauffeur semble assez heureux de poser à coté de l'épave. Cette scène rappelle combien le métier de chauffeur poids-lourd était dangereux à une époque où les temps de conduite étaient loin d'être aussi réglementés qu'aujourd'hui. La plupart des accidents étaient en effet dus au manque de sommeil.