Créer un site internet

Poitiers-Les Maisons Blanches (79)

Croutelle (km 337)

Première commune après Poitiers, le village de Croutelle s’est développé le long de la route d’Espagne au fond du vallon de la Feuillante. Un ancien aqueduc alimentant Poitiers depuis la source de Basse-Fontaine (commune de Fontaine-le-Comte) longeait la route et traversait le bourg, quelques vestiges subsistent aujourd’hui.

Au XIIIe siècle, une maison-dieu est construite pour y accueillir les « Jacquets » en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Le château de la Mothe bâti au XVe siècle et la réputation des ateliers de tourneurs sur bois assurent la prospérité du village. Avantageusement située à l’embranchement de deux routes royales majeures, l’une vers Angoulême, l’autre vers La Rochelle, un relais de poste y est établi au début du XVIIIe siècle, permettant à quelques auberges de voir le jour. Les chevaux sont changés juste avant d’affronter la côte de la Mothe, les maîtres de poste pouvant même louer des chevaux supplémentaires pour permettre aux lourdes berlines de gravir le coteau.

Croutelle1L'ancienne entrée du bourg de Croutelle, la voie est désormais condamnée. Mai 2007, collection L. Carré.

Croutelle2Situé juste en face de l'ancien relais de Poste, ce petit garage a vu défiler des milliers de clients potentiels jusqu'en 1959. Mai 2007, collection L. Carré.

Croutelle3Le centre-bourg formait un véritable goulet d'étranglement pour la circulation. Mai 2007, collection L. Carré.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le village doit absorber près de 1400 véhicules par jour. Le 15 août 1955, ce sont plus de 7000 véhicules qui traversent le bourg de Croutelle ! Une déviation devient nécessaire, elle est ouverte en 1959, le trafic de la Nationale 10 est dévié à l’ouest permettant au bourg de retrouver sa quiétude.

Croutelle7La déviation de Croutelle dans le sens Province-Paris photographiée en avril 1971 depuis une Ami 6 Citroën. Collection G. Guérit.

Au sommet de la côte de la Mothe, une bifurcation donne naissance à la Nationale 11, la route qui mène vers la côte Atlantique allégeant ainsi le trafic sur la 10 de près de 50 % ! 

Croutelle4La côte de la Mothe à la sortie de Croutelle faisant peiner les chevaux des diligences comme les moteurs des voitures bien plus tard. Décembre 2015, collection L. Carré.

 

Matérialisée par une borne en béton, la bifurcation fut plusieurs fois modifiée avant de prendre sa configuration définitive à la fin des années 1950 lors de la construction de la déviation. La Nationale 11 passe désormais au dessus de la Nationale 10 par un pont routier avant de filer jusqu'à Rochefort. La N 11 permettait aussi de rallier La Rochelle, via la Nationale 22 depuis Mauzé-sur-le-Mignon, mais surtout Royan, station balnéaire en pleine expansion dans les années 1950 et 1960.

Bâti par la société Provitel en 1970, l'imposant hôtel-restaurant "Le Bois de la Marche" accueille toujours les voyageurs qu'ils soient en route vers les plages de Charente, des Landes ou du Pays basque. Une publicité peinte boulevard Achard à Poitiers fait déjà mention de l'établissement classé deux étoiles "Nouvelles Normes".

 

 

Croutelle6 1

Virolet-Ruffigny (km 340-342)

Croutelle5L'Hôtel-restaurant de la Marche au milieu des années 1970 se distingue par son architecture fonctionnelle parfaitement adaptée à l'accueil des usagers des nationales 10 et 11.

 

L’ancienne Nationale 10 traverse maintenant le hameau de Virolet (commune de Ligugé) qui doit son développement au milieu du XIXe siècle à la route mais aussi à la présence de la voie de chemin de fer reliant Poitiers à La Rochelle. L’hôtel Bertrand situé au passage à niveau accueillait les usagers de la route mais aussi les voyageurs du chemin de fer.

Virolet1Garage à l'entrée nord du hameau de Virolet. Mai 2007, collection L. Carré.

Un pont routier enjambant la voie ferrée est construit en 1957 pour fluidifier la circulation, régulièrement ralentie et bloquée par les trains. A partir des années 1960 une déviation de la bourgade devient indispensable, elle ouvrira finalement en 1994 portant un coup fatal aux quelques commerces qui s’étaient installés le long de la route. Il n’est plus possible aujourd’hui d’emprunter le pont dont la rampe nord a été détruite et l’accès sud condamné.

Virolet2Le passage à niveau à la fin des années 1920 bien avant la construction du pont routier. Sur la gauche, parallèle à la route, l'hôtel Bertrand.

 

Virolet3 1L'hôtel Bertrand devenu une simple maison d'habitation. Notez la "carotte" encore en place sur la façade. Mai 2007, collection L. Carré.

 

Virolet4 1La rampe sud du pont routier condamnée depuis la déviation de la bourgade en 1994. Décembre 2015, collection L. Carré.

Il faut quitter la quatre voies dès que possible pour retrouver l’ancienne route au nord du hameau de Ruffigny (commune d’Iteuil). Quelques publicités peintes et une authentique borne kilométrique au cartouche rouge attestent que la Route d’Espagne est passée ici jusqu’en 1980. C’est désormais une voie sans issue.

Ruffigny1Tronçon abandonné depuis 1980 se terminant par une voie sans issue. Décembre 2015, collection L. Carré.

Ruffigny2Qui se souvient des produits electroménagers de Sud-Aviation, "la technique aviation à votre service" ? Mai 2007, collection L. Carré.

Ruffigny3Ultime vestige de la Nationale 10 dans le hameau de Ruffigny. Décembre 2015, collection L. Carré.

Vivonne (km 351)

Jusqu’à l’ouverture de la déviation, l’arrivée à Vivonne se faisait par l’avenue de Paris. La route descendait dans une verdoyante vallée à la confluence de la Vonne et du Clain. Dès les années 1920, la Nationale 10 fut déviée une première fois du centre-ville. L’étroitesse de la Grande Rue ne pouvait déjà plus supporter un trafic pourtant encore bien modéré à cette époque. Le nouveau parcours effectuait une large boucle par l’est de la ville, suivait les voies de chemin de fer avant de retrouver les bords de la Vonne. Les voyageurs étaient guidés par de grands panneaux sur fond bleu indiquant avec une flèche « Bordeaux » en larges lettres blanches. Malgré cela une nouvelle déviation, évitant largement la ville par l’ouest cette fois-ci, dut être mise en service en 1958.

Vivonne1 1La première déviation du centre de Vivonne dans les années 1930 avec, sur la droite, le vaste panneau indicateur "Bordeaux".

Le centre de Vivonne était réputé pour ses paysages bucoliques sur les bords de la rivière, propices à la pratique du canotage depuis une plage aménagée. Le franchissement de la Vonne se fait par le pont des Carmes, construit au milieu du XVIIIe siècle à l’emplacement d’un pont plus ancien, gravement endommagé lors des inondations de 1746. En 1808, alors qu’il est en route vers l’Espagne, Napoléon Ier s’arrête sur ce pont le temps que soient changés les chevaux de son attelage au relais de poste non loin. Il en profite pour se restaurer dans l’hostellerie voisine avant de reprendre la route vers le sud.

Vivonne8Le carrefour entre la déviation et l'avenue de Bordeaux à la fin des années 1950. Face au manque à gagner, les commerçants avaient obtenu la mise en place d'une grande pancarte vantant les mérites de la ville. Collection L. Carré.

La Nationale 10 historique quitte Vivonne par la côte de l’avenue de Bordeaux, avant de retrouver la voie expresse qui poursuit vers Angoulême. Sur la droite, le relais routier de Vivonne et son très grand parking accueille les chauffeurs depuis le début des années 1980.

Les Minières (km 362)

Sur une dizaine de kilomètres, ce sont trois tracés de la route qui coexistent l’un à côté de l’autre, de l’ancienne voie romaine à la moderne quatre voies en passant par l’ancienne route nationale. On traverse quelques petits bois avant d’aborder le village des Minières figurant déjà sur le tracé de la voie romaine reliant Poitiers à Saintes et qui vu passer des générations de soldats, pèlerins, postillons, voyageurs, routiers et touristes !

Minieres0L'ancienne Nationale 10 à l'entrée nord des Minières est stoppée net depuis 1986 et la mise en activité de la déviation. Octobre 2015, collection L. Carré.

Malgré la mise en service de la déviation lors de l’été 1986, ce bourg de la commune de Payré a conservé de nombreux témoignages de la présence de la Nationale 10. 

Traverser ce hameau est un véritable retour en arrière d’une cinquantaine d’années. Il y subsiste tous les ingrédients de la « route nationale du passé », à commencer par de nombreuses publicités peintes mais aussi quelques stations-services et petits ateliers de mécaniques désaffectés. Fermée depuis une trentaine d'années, la station Total de M. Vincent bâtie en 1969 à l'achitecture typique en est un des derniers témoignages.

Minieres1L'arrivée dans les Minières au début des années 1950. Un petit café permettait de déguster différents boissons... alcoolisées.

MinieresLe même endroit en 2010, l'environnement à peu changé à l'exception des arbres abattus puis.. replantés. Juillet 2010, collection L. Carré.

Minieres2

Adresse incontournable aux Minières, Chez Maria a accueilli, désaltéré et restauré des milliers de voyageurs. Notez les différentes plaques émaillées à droite. Collection L. Carré.

Minieres2 1

Fermé depuis longtemps, les locaux ont gardé leur charme désuet. Le bâtiment est aujourd'hui entouré de grilles le rendant totalement inaccessible. Mai 2007, collection L. Carré.

La municipalité a tenu a honorer la mémoire de Marcel Renault en rebaptisant la grande rue du nom du constructeur de Billancourt. Les Minières fut en effet le dernier village qu’il traversa avant de se tuer moins de deux kilomètres plus loin le 24 mai 1903 lors de la course Paris- Madrid.

Pour en savoir plus sur l'accident de Marcel Renault cliquez sur la photographie:

Minieres8Plaque à l'entrée nord des Minières. Mai 2007, collection L. Carré.

Couhé (km 370)

La descente vers Couhé s’effectuait par deux virages abrupts responsables de nombreux accidents, de camions surtout. Un nouveau tracé fut établi en 1954.

CouheLe dangereux trajet historique (flèches bleues) laisse place à une nouvelle liaison (flèches rouges) plus directe. Source cliché: IGN.

Une petite rivière, la Dive, est franchie au niveau du hameau de Valence où l’on trouve encore le Camping des Peupliers, une excellente étape pour les vacanciers en route vers le Pays Basque. Un peu plus loin, le restaurant La Promenade accueille les gastronomes depuis les années 1960 avec, comme spécialité, le fameux farci poitevin. 

Couhe1Le restaurant La Promenade vu depuis la déviation de la ville. Collection L. Carré.

Puis l’ancienne Nationale 10 entre dans Couhé par une élégante avenue bordée d’arbres et de petits pavillons. Le trajet devient plus périlleux à l’approche du centre-ville.

Couhe2L'une des nombreuses bornes en pierre brute du XIXe siècle encore en place dans la Vienne. Juillet 2010, collection L. Carré.

La Grand’Rue, particulièrement étroite et encaissée, a dû supporter non sans mal le trafic Paris-Bordeaux-Espagne jusqu’à l’ouverture de la déviation en 1978. La ville était bloquée dès que deux poids-lourds s’y croisaient souvent à cause du stationnement des véhicules des riverains qui voyaient leurs autos régulièrement abîmées. L’enseigne d’une imprimerie était régulièrement arrachée par les semi- remorques ayant bien du mal à négocier le virage en venant de Poitiers.

De superbes halles du XVIè siècle témoignent encore de l’activité commerciale de la ville qui remonte au XIè siècle. Le jour de marché, la circulation de la Nationale 10, conjuguée au va et vient des véhicules des paysans venus vendre leurs produits, ne facilitait pas l’écoulement du trafic !

En sortant de Couhé, on retrouve la voie rapide pour quelques kilomètres avant d’aborder le hameau « Chez Foucher » (commune de Brux) qui n’est plus traversé depuis 1999. Ici l’ancienne route est belle et large à souhait. Le restaurant Le Ratelier et son authentique râtelier d’étable fixé sur le pignon en guise d’enseigne permettait de faire étape dans le hameau et d’y déguster des grillades au feu de bois. L’établissement a fermé ses portes depuis bien longtemps tout comme la grande station-service Balard située quelques kilomètres plus loin dont il ne reste plus aucune trace.

La Grand’Rue finissait quand même par s’élargir un peu. On pouvait s’arrêter à l’hôtel-restaurant de La Boule d’Or, où le poulet sauté et le tourteau fromager régalaient les gastronomes. Quelques centaines de mètres plus loin le routier Relais 375, toujours en activité, rappelle la distance qui sépare Couhé de Paris mais aussi celle qui reste à parcourir jusqu’à la frontière espagnole ! C’est en effet ici que la Nationale 10 célèbre la moitié de son parcours.

Couhe6L'hôtel-restaurant de La Boule d'Or dans les années 1960 avec son parking privé sous une porte cochère. Collection L. Carré.

Couhe7Le bâtiment est devenu une vaste maison d'habitation. Juillet 2010, collection L. Carré.

En sortant de Couhé, on retrouve la voie rapide pour quelques kilomètres avant d’aborder le hameau « Chez Foucher » (commune de Brux) qui n’est plus traversé depuis 1999. Ici l’ancienne route est belle et large à souhait.

Fouche1

Le restaurant Le Ratelier  permettait de faire étape dans le hameau et d’y déguster des grillades au feu de bois. L’établissement a fermé ses portes depuis bien longtemps tout comme la grande station-service Balard située quelques kilomètres plus loin dont il ne reste plus aucune trace.

Fouche2Le Ratelier et son authentique râtelier d'étable fixé sur le pignon en guise d'enseigne. Collection L. Carré.

 

Chaunay (km 380)

Dernière commune de la Vienne traversée par la RN10, Chaunay fut, comme Couhé, déviée en 1978. Une ancienne voie romaine située tout prêt du bourg atteste de l'ancienneté de ce lieu de passage. Henri de Navarre, futur Henri IV, y fit étape le 13 juin 1572 alors qu’il se rendait à Paris pour y épouser Marguerite de Valois. Plus tard, Napoléon Ier y fera halte pour s’y restaurer, avant d’aller passer la nuit au relais de poste des Maisons- Blanches, quelques kilomètres plus au sud. À l’entrée nord de la commune, un imposant calvaire accueille le voyageur depuis son inauguration le 13 avril 1914.

ChaunayLa Nationale 10 jouxtait le calvaire de Chaunay jusqu'en 1978. Juillet 2010, collection L. Carré.

Le parcours suivi par la Nationale 10 dans le bourg n’était pas simple, la route y effectuait une boucle prononcée au niveau de l’église du XIe siècle. À cet endroit précis, on trouvait l’Hôtel Central, établissement particulièrement réputé dès les années 1930. Gratifié d’une étoile au Michelin, le restaurant tenu par Mlle Motillon puis par M. Benoist est fréquenté par une clientèle aisée en route vers le bassin d’Arcachon ou la côte basque. Vincent Auriol, alors président de la République, ou le duc de Windsor, s’arrêtèrent à l’Hôtel Central pour y déguster le pâté de foie gras de canard truffé ou la truite aux amandes, les deux spécialités maison. L’ouverture de la déviation fut fatale à cette grande adresse.

Chaunay3Le virage dans le centre de Chaunay, sur la gauche l'hôtel Central, l'une des anciennes étapes étoilées de la Nationale 10. Collection L. Carré.

Les bourses plus modestes pouvaient profiter des services de l’hôtel-restaurant du Commerce, l’un des plus anciens de Chaunay. Avec ses 22 chambres associées à un restaurant de bonne qualité, Le Commerce a longtemps affiché sur sa devanture un grand drapeau britannique avec un panneau « Welcome ». Dans les années 1960 et 1970, Mme Berkanne, la propriétaire, propose ses services à des compagnies d’autocars assurant des lignes régulières vers l’Espagne et le Portugal. La place des Halles située juste en face fut longtemps occupée par des cars, le temps d’y restaurer les passagers jour et nuit.

Peu après Chaunay et jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, la route royale bifurquait vers le sud-ouest en direction de Sauzay, Villefagnan et Aigre. La liaison traversant l’Angoumois, future RN 10, n’est mise en service qu’en 1763 et ce n'est qu'à la hauteur de Barbezieux, une centaine de kilomètres plus au sud, que les deux tracés se rejoignent. 

La Nationale 10 quitte le département de la Vienne avant d’aborder la très courte étape du département des Deux-Sèvres.

MaisonsBorne délimitant les deux départements. La plaque en métal fut malheureusement dérobée depuis. Mars 2007, collection L. Carré.

Les Maisons Blanches (km 387)

Ce hameau de la commune de Limalonges est un carrefour majeur depuis le XVIIIe siècle entre la Grande Route d’Espagne et une autre route royale reliant Nantes à Limoges, la future RN148. En raison de son emplacement stratégique, les Maisons-Blanches accueillent un relais de poste nécessaire aux deux routes. Bien plus tard, quelques commerces s'installent, profitant du trafic routier pour vendre des carburants, des rafraichissements et même des antiquités jusqu'en 1992.

Maisons1Ancien tronçon au nord des Maison Blanches, Nationale 10 jusqu'en 1992. Octobre 2016, collection L. Carré.

Pour en savoir plus sur le carrefour des Maisons Blanches, cliquez sur la photo:

Maisons2Le carrefour des Maisons Blanches dans les années 1950, la Nationale 10 (de gauche à droite), prioritaire, y croise la Nationale 148 (de haut en bas). Collection L. Carré.

Le parcours se pousuit vers le sud en quittant (déjà) les Deux-Sèvres en direction de Ruffec, première étape importante du département de la Charente.

Travaux 1La Nationale 10 est en travaux, suite du parcours prochainement !

Retour à l'accueil

accueil-1.jpg

×