La Nationale 10 entre donc dans le département de l’Eure-et-Loir et dans la région Centre par la même occasion. Ce département est traversé sur plus de 70 kilomètres, Chartres et Châteaudun en sont les deux principales étapes.
Aux Essards, commune de Saint-Symphorien, un monument sur la droite rappelle la libération de la commune par l'armée américaine le 17 août 1944. Entre Ablis et Chartres la Nationale 10 est un des tronçons de la "La Voie de la Liberté" reliant Sainte-Mère-Eglise à Bastogne (Belgique) célébrant le parcours suivi par la IIIème Armée du général Patton entre juin et septembre 1944. Les bornes spécifiques sont l'oeuvre du sculpteur Jean Cogné et furent implantées dans l'immédiat après-guerre. La voie fut officiellement inaugurée en septembre 1947.
Une des bornes de la "Voie de la Liberté" en 2010, encore affublée du cartouche rouge "N 10". Cliché F. Gaufreteau.
Puis on arrive au Gué-de-Longroi (km 74) seul village rencontré jusqu’à Chartres. Sa localisation au fond de la vallée de la Voise en fit longtemps un lieu difficile d’accès. L’étroitesse du centre-bourg conjuguée aux fortes pentes obligent à construire une déviation toute en courbe dès la fin des années 1920. C’est l’une des plus anciennes déviations de la Nationale 10.
Le centre du Gué-de-Longroi à la fin des années 1940. Le tracé historique arrivait tout à droite du cliché après une pente particulièrement raide.
La rue impériale dans les années 1960 n'est plus vraiment adaptée à la circulation et au stationnement des voitures.
La déviation du Gué-de-Longroi dans les années 1930. Mise en service quelques années plus tôt, elle ne peut éviter elle aussi la vallée de la Voise.
Le même lieu aujourd'hui, le village n'est plus visible de la route, masqué par un rideau d'arbres.
Sortie ouest du Gué-de-Longroi à la bifurcation entre la déviation (à gauche) et l'ancienne route (à droite) en direction du bourg.
La Nationale 10 retrouve sa rectitude monotone, les bornes de la Route de la Liberté scandent la quinzaine de kilomètres qui amène jusqu’aux portes de Chartres. La ville apparaît au loin du haut des tours de sa cathédrale. Charles Péguy pu bénéficier de ce panorama exceptionnel lorsqu’il acheva en 1912 puis en 1913 son pèlerinage depuis Paris pour célébrer sa conversion au catholicisme . Il aperçu « la flèche admirable » de Chartres en sortant du Gué de Longroi soit quand même à 17 kilomètres de la cathédrale.
L'arrivée sur Chartres dans les années 1950. Les deux flèches de la cathédrale Notre-Dame sont bien visibles tel un signal au loin dans la plaine de Beauce.
Qu’elle vienne de Maintenon, jusqu’en 1949, ou d’Ablis, la Nationale 10 a traversé Chartres (km 95) jusqu’à la mise en place de la déviation par l’est et le sud en 1970 ! La situation s’aggravait à l’approche du centre-ville où pas moins de douze routes y convergeaient ! Seuls les boulevards de la ville plantés d’ormes séculaires situés sur les anciens remparts médiévaux permettaient de faire « le tour de ville ». Dans les années 1960, les embouteillages à l’arrivée de la ville sont fréquents et atteignent parfois une dizaine de kilomètres lors des départs en vacances.
Embouteillage à l'arrivée sur Chartres pour les départs en vacances d'août 1966 offrant une vue édifiante sur les flèches de la cathédrale. Il faudra patienter encore quatre ans avant que la Nationale 10 ne soit déviée du centre de la ville.
Située à la jonction des boulevards de la Résistance et Chasles, la place des Epars permet de continuer la route vers le sud en direction de Luisant. Avant de quitter la ville, les gourmets n’oublient pas de déguster un pâté de perdreaux ou un Pavé de Chartres, petit pain d’épice local.
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