Les liens entre la France et l’Espagne se renforcent considérablement depuis l’accession au trône d’Espagne du petit-fils de Louis XV, Philippe de France en 1713. Les échanges diplomatiques, politiques mais aussi économiques donnent une nouvelle impulsion à la route de Paris à Bordeaux vers l’Espagne.
Ce dynamisme est aussi largement stimulé par la création du corps des Ponts et Chaussées en 1716. Le réseau des routes royales est repensé, il s’agit de tracer désormais de grandes radiales les plus rectilignes possibles évitant les tronçons sinueux. De nombreux ouvrages d’art sont construits, des ponts pour la plupart. La largeur des routes royales est uniformisée à soixante pieds de large, soit près de vingt mètres, des fossés sont creusés et de nouveaux arbres sont plantés le long de la chaussée. Enfin, la « corvée des grands chemins » est généralisée en 1738 par le contrôleur général Orry, elle sera finalement abolie à la veille de la Révolution.
C’est dans ce contexte de modernité que la route de Paris à Bordeaux vers l’Espagne voit son tracé modifié en profondeur au nord comme au sud.
- De Paris à Tours, la route traversant la Beauce par Chartres, Châteaudun puis Vendôme s’impose progressivement même si la route de poste continue de passer par Orléans puis la vallée de la Loire jusqu’à Tours. Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour que l’itinéraire de la route de Paris à Bordeaux vers l’Espagne soit définitivement figé par la Beauce et le Vendômois.
- De Tours à Poitiers, le tracé est modifié sous le règne de Louis XV. Dès les années 1720, l’intendant de Touraine, Marc Pierre Voyer comte d’Argenson suggère de modifier le tracé de la route d’Espagne par Tours, Sainte-Maure et Port-de-Piles. Le projet, soutenu par les Ponts et Chaussées, se précise lorsque Voyer d’Argenson achète la seigneurie des Ormes dans le nord du Poitou en aout 1729. Devenu secrétaire d’Etat à la guerre puis surintendant des postes, il use de son pouvoir pour obtenir gain de cause et un premier axe routier voit le jour entre Sainte-Maure et Port-de-Piles dès 1732. Une ordonnance royale du 30 juin 1752 entérine la nouvelle liaison entre Tours et Châtellerault via Montbazon, Sainte-Maure et Port-de-Piles. En 1754, l’intendant de Touraine, Gaspard l’Escalopier est chargé de mener à bien les travaux.
La construction de différents ponts concrétise la nouvelle route. C’est ainsi qu’est bâti le pont de pierre de Tours entre 1765 et 1778 au moment où la ville connaît de grands travaux d’urbanisme visant à percer une longue perspective nord-sud donnant naissance aux futures rue Nationale et avenue de Grammont. Au sud de la ville, le pont sur le Cher est mis en service dès 1753. Celui de Port-de-Piles enjambe la Creuse en 1760. L’ancien tracé depuis Amboise, Loches, Ligueil et La Haye (Descartes) est progressivement délaissé.