Cette sous-préfecture dynamique a connu un développement rapide au XIXe siècle avec la présence d’une manufacture d’armes et de plusieurs industries mécaniques. La route d’Espagne y franchit la Vienne depuis le début du XVIIe siècle grâce au fameux pont Henri IV, le monument les plus connu de Châtellerault. Succédant à différents ponts construits en bois puis en pierre depuis le XIe siècle, le pont Henri IV est bâti dès 1572 avant d'être ouvert à la circulation en 1609.
Le pont Henri IV flanqué de ses deux tours survivantes côté faubourg de Châteauneuf. L'ouvrage supportera le trafic Paris-Bordeaux-Espagne du début du XVIe siècle jusqu'en... 1965 ! Octobre 2015, collection L. Carré.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Nationale 10 voit son tracé dans la ville se modifier régulièrement. Jusqu’au milieu des années 1960, la route entre en ville par le nord où se sont installés de nombreux garages. Elle débouche sur le boulevard Blossac, belle promenade aménagée au XVIIIe siècle, avant de rejoindre les quais de la Vienne et de franchir le pont Henri IV. Puis c’est la traversée du faubourg de Châteauneuf dont l’une des rues n’excède pas 3,50 mètres de large ! Il est aujourd’hui bien difficile d’imaginer que le trafic en route vers Bordeaux et l’Espagne ait pu passer par ici provoquant de nombreux embouteillages lorsque deux poids-lourds s’y croisaient. A l’issue du faubourg Châteauneuf, la route passait devant la Manufacture d’Armes puis sortait de la ville par le bien nommé quartier du Petit Bordeaux.
Le garage de la Grosse Borne, route de Paris à l'entrée nord de Châtellerault, était surplombé d'une ... grosse borne N 10 indiquant les kilomètres distants jusqu'à Poitiers et Bordeaux. Les lieux sont aujourd'hui devenus un garage de motos. Collection L. Carré.
Pratiquement en face, le second garage Bouchet-Motté l'agent Renault local ouvre au milieu des années 1950. Les bâtiments, modernes et épurées, sont clairement inspirés par l'architecture des garages américains de la même époque. Collection L. Carré.
Le boulevard Blossac, le coeur de Châtellerault, au début des années 1960 alors que la trafic en route vers Bordeaux y passe encore. Collection Musée Auto Moto Vélo de Châtellerault.
Autre plaque de cocher datant du Second Empire quelques dizaines de mètres avant de franchir la Vienne par le pont Henri IV. Juin 2015, collection L. Carré.
La grande rue de Châteauneuf, juste après le pont, a accueilli non sans mal le trafic de la Nationale 10 jusqu'au milieu des années 1960. Deux poids-lourds pouvaient à peine s'y croiser ! Octobre 2015, collection L. Carré.
Situé après Châteauneuf, le quartier du Petit-Bordeaux ne laisse aucun doute sur la destination de la route ! En arrière plan les platanes aujourd'hui quelque peu noyés dans l'agglomération. Octobre 2008, collection L. Carré.
Au début des années 1960, la ville connaît d’importants travaux d’urbanisme avec la construction, au sud, du quartier moderne de la Plaine d’Ozon, permettant à la Nationale 10 de pouvoir s’y frayer un chemin directement depuis le boulevard Blossac. Un pittoresque jardin public situé à l’extrémité de la promenade est sacrifié sur l’autel de la circulation routière ! Le nouveau pont Lyautey sur la Vienne ouvre au sud en 1965 et permet de fluidifier la circulation qui, paradoxalement, passe toujours par le centre de la ville. Il n'est plus nécessaire de s'aventurer dans l'étroit quartier Châteauneuf qui, comme le Petit-Bordeaux, retrouve le calme.
Malgré tout, la ville demeure difficile à traverser et en 1976, une véritable déviation est aménagée à l’ouest de la ville qui permet à la Nationale 10 de déboucher de nouveau dans le quartier du Petit-Bordeaux ! Il faudra attendre 1977 avec l'ouverture de l'A10 et surtout 2010 pour qu’une large rocade contourne Châtellerault par l’est et libère la ville des automobiles et camions en transit.