Le 24 mai 1903, la course Paris-Madrid, dont le départ a été donné à Versailles à 3 heures 45, traverse le département de la Vienne. Les deux frères Renault pilotent chacun une nouvelle voiture « type O » animée par un moteur de quatre cylindres développant 40 CV. Louis, le plus jeune, « le diable de Billancourt » comme on le surnomme alors est en tête de la course au volant de la voiture numéro 3. Marcel, son aîné, pilote la numéro 63.
Marcel Renault et son mécanicien Vauthier à la pesée des voitures aux Tuileries le 16 mai 1903, une semaine avant le départ de la course. La numéro 63 préparée par son frère Louis accuse 650 kg pour 40 CV.
Il traverse vers 9 heures du matin le village des Minières à pleine vitesse, plus de 100 km/h, puis sort du bourg. Il a en ligne de mire Léon Théry, un concurrent, qui pilote une Decauville de 30 CV qu’il essaye de doubler depuis le dernier contrôle à Poitiers. Marcel Renault profite d’une longue ligne droite pour en découdre avec Théry, mais la poussière soulevée par la Decauville l’empêche d’apercevoir un commissaire de course qui brandit un drapeau jaune signalant un dangereux virage à gauche.
Le virage où se déroula l'accident. En 1903, la Nationale 10 emprunte le tracé le plus à droite. Mai 2007, collection L. Carré.
Surpris, Renault tente un coup de volant désespéré mais ne peut éviter un petit talus. La voiture 63 sort de la route, s’écrase dans le fossé, rebondit pour s’immobiliser définitivement, l’avant tourné vers Poitiers. Marcel Renault est très gravement blessé, René Vauthier, son mécanicien, est quant à lui grièvement touché aux jambes.
L'épave de la "63" sur les lieux de l'accident entourée de nombreux badauds. Sous la violence du choc, la voiture s'est retournée en direction de Paris.
Le constructeur de Billancourt est transporté dans un état désespéré vers une ferme voisine, dans le hameau de Bourdevay où il décède le 26 mai au soir provoquant une immense émotion dans le monde naissant du sport automobile et de l’industrie. Ce drame a d’importantes conséquences sur l’avenir de l’entreprise alors en plein essor. Ainsi quelques mois plus tard, Louis Renault devient le seul maître de la firme de Billancourt jusqu’à la nationalisation de 1944.