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Châtellerault-Poitiers

Les Barres, commune de Naintré, (km 306)

Au sud de Châtellerault, la RN 10 a connu depuis les années 1970 quelques petites modifications de son tracé surtout depuis la construction de la grande déviation en 2010. Au niveau de l'entrée de l'autoroute on distingue à peine les vestiges de deux stations services dont la dernière a fermé à la fin des années 1980.
 

Sur la gauche, le relais routier "La Halte" accueille les clients depuis de nombreuses décennies. Dans les années 1970, M. Henni-Houas servait des repas en conversant en anglais, en espagnol et même en arabe.

Gs chatelleraultUne GS de 1973, sur un tronçon déclassé, prend quelques minutes de repos au sud de Châtellerault en bordure de la forêt éponyme. Collection L. Carré.

Le hameau des Barres (commune de Naintré) doit son essor à la présence d’un relais de poste dont la présence est attestée depuis le XVIIe siècle au moins. Cette bourgade a gardé de nombreuses publicités peintes, dont la plupart s’effacent irrémédiablement. Deux nouvelles plaques en pierre émaillée du Second Empire rappellent depuis plus de 150 ans au voyageur qu'il est toujours sur l’ancienne route impériale numéro 10…


860201La traversée du bourg des Barres avec une belle publicité pour les poids-lourds UNIC. Octobre 2008, collection L. Carré.

 

860205Dernières traces du petit garage "Paris Autos". Octobre 2008, collection L. Carré.

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860202L'une des deux plaques de cocher du hameau. Celle ci est située à gauche (sens Paris-Province), l'autre à droite quelques dizaines mètres plus loin. Octobre 2008, collection L. Carré.

860203Publicité pour une station Azur entre Les Barres et la Tricherie (commune de Beaumont). Octobre 2008 Collection L. Carré.

pbegiravia.jpgMalheureusement disparue en 2011, cette belle publicité pour les produits electro-ménagers Sud-Aviation était d'une remarquable fraîcheur. Juillet 2010, collection L. Carré.

pbbdubonnet5.jpgVaste publicité pour le Dubonnet, le "vin tonique au quinquina" à la sortie des Barres. L'ouverture de fenêtres n'a pas trop dénaturé le message. Collection L. Carré.
 

860206Le restaurant "La Grillade" est toujours en activité quelques centaines de mètres après la sortie du bourg contrairement à son homologue de Sorigny qui ne fut jamais reconstruit après un incendie au début des années 1970. Les deux établissements étaient gérés par M. Charles et étaient ouverts de 11h à 23h. Collection A. Scheffer.

La Tricherie, commune de Beaumont (km 312)

Le bourg de la Tricherie (commune de Beaumont) fut un temps un relais de poste sur la Grande Route d'Espagne. On y trouvait au XIXe siècle, le 45ème relais de la ligne Paris-Bayonne du télégraphe Chappe qui s’était écarté de la route depuis Maillé au sud de l’Indre-et-Loire.

Un peu comme aux Barres à Naintré, ici aussi, les anciens garages, publicités peintes et autres restaurants témoignent de l’activité apportée autrefois par la Nationale 10.


860207La Tricherie dans le sens Province-Paris au milieu des années 1960. La station Shell à gauche a laissé place à un parking et au bureau de poste. Notez tout à côté le petit parc d'expostion de tracteurs agricolesCollection L. Carré.

 

860212 1Superbe cliché, issu des archives de la famille Garnier, montrant la petite station Mobil construite en face du garage familial à l'entrée nord du bourg. Collection famille Garnier.

 

En sortant de la Tricherie, la route gravit lentement un plateau. Sur une maison à droite subsiste une vaste publicité pour le "vin tonique" Byrrh.

Un peu plus loin, on devine encore la piste d'une station construite au début des années 1970 et démolie à la fin des années 1990. Au sommet du plateau, sur la droite, une nouvelle borne en pierre nous ramène à l'époque de la route du XIXe siècle.

Puis la route descend assez brusquement vers Clan, l'un des hameaux de la commune de Jaunay-Clan.  

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Clan, commune de Jaunay-Clan (km 321)

Cette petite ville, ancien relais de poste qui comptait pas moins de 34 chevaux au XVIIIe siècle, a vu sa notoriété nettement croître depuis 1987, année de l’ouverture du parc du Futuroscope qui, malgré son nom, ne se trouve pas à Poitiers mais sur les communes de Jaunay-Clan et Chasseneuil-du-Poitou ! La Nationale 10 traverse le quartier de Clan par une chaussée qui longe la voie de chemin de fer de la ligne Paris-Bordeaux. Un muret sépare les deux voies de circulation dont l’une est un peu plus basse que l’autre.

 

860215Vaste station désaffectée, probablement des années 1930, à l'entrée nord de Clan. Elle dépendait d'un dépôt de carburants situé à l'arrière. Juillet 2010, collection L. Carré.

860213Le centre de Clan dans les années 1950, la Nationale 10 n'est pas encore séparée en deux voies distinctesCollection L. Carré.
 

pbaukleber-colombes.jpgPublicité partiellement amputée pour les pneumatiques Kléber-Colombes. Elle est située pratiquement en face du Futoroscope. Juillet 2010, collection L. Carré.

860218 1Carte postale publicitaire pour l'Hôtel du Relais implanté dans l'ancien relais de poste sur le bord de la route à la sortie sud du bourg. Deux petits volucompteurs permettaient de faire plein de carburants Total. L'établissement fut modifié en profondeur en 1970 avec la construction d'une grande structure capable d'accueillir plus de clients le temps d'un verre, d'un repas ou d'une nuit. Collection L. Carré.

 

860216Carte publicitaire "Les Routiers" pour Le Relais aussi dénommé "Chez Eugène". On y vante ses nombreux services et "sa cuisine soignée". Collection L. Carré.

 

860218En 1970 l'établissement est considérablement agrandi. Les lieux n'ont pas changé aujourd'hui. Collection L. Carré.

Chasseneuil-du-Poitou (km 325)

Juste après avoir longé le site du Futuroscope, la Nationale 10 descend vers Chasseneuil-du-Poitou. Une zone commerciale annonce l'arrivée prochaine sur Poitiers, la route se borde de magasins et d'entrepôts divers et variés.

Sur la droite, on distingue encore la tour de l’ancien relais de Poitiers, ouvert au tout début des années 1960. Construit alors au beau milieu des champs mais en bordure de la Nationale, l’établissement créé par M. Fort se veut résolument moderne et offre une large palette de services. Un restaurant étoilé au Michelin et un "hôtel international de tourisme 4 étoiles" de 52 chambres captent les usagers les plus fortunés. Légèrement en retrait, un motel composé de quatre bungalows permet aux clients plus modestes de passer la nuit aux portes de la capitale poitevine.

860220Le Relais de Poitiers au début des années 1960, un établissement moderne parfaitement adapté aux besoins des usagers de la N 10. La spécialité du restaurant était le homard flambé au whisky.  Collection L. Carré.

En 1969, le motel s'étoffe avec la construction d'une dizaine de nouveaux pavillons offrant désormais une capacité de 100 chambres. Quelques mètres plus au nord, un vaste bâtiment regroupe plusieurs salles de congrès. L'ouverture de l'autoroute en 1977, à quelques centaines de mètres de là, sonne le glas de l'établissement. Le site du Futuroscope, tout proche, lui donne en 1987 le coup de grâce.
L'ancien Relais de Poitiers est aujourd'hui démantelé, les pavillons du motel sont devenus un simple lotissement, le petit palais des congrès a été recyclé en grande surface. La tour de l'ancien hôtel est désormais intégrée à un restaurant d'une célèbre chaîne permettant de marier l'Alsace .... au Poitou !

860221Début des années 1970, le motel s'est agrandi avec la construction de nouveaux bungalows à l'arrière alors que l'environnement s'urbanise lentement. L'hôtel dans la tour de six étages était qualifié de "très confortable" par le Guide Rouge. Les lieux sont aujourd'hui occupés par un restaurant alsacien. Collection L. Carré.

 

Quelques centaines de mètres plus loin, un hypermarché de bricolage occupe l’emplacement de l’ancienne usine Tesserault qui assembla et exposa ici même des caravanes de 1968 à la fin des années 1980.
On longe le village de Chasseneuil-du-Poitou avant d'atteindre le hameau du Grand-Pont, dernier relais de Poste avant Poitiers, où la Nationale 10 franchit un petit cours d'eau, l'Auxance. Jusqu'en 2011, un authentique panneau Michelin indiquait que nous n'étions plus qu'à 8 kilomètres de Poitiers.

860222Le hameau du Grand-Pont au début des années 1960 où la Nationale 10 débouche après avoir longé le village de Chasseneuil-du-Poitou. En arrière-plan on distingue assez bien la tour de l'hôtel du Relais de Poitiers. Collection L. Carré.

860223Panneau indicateur Michelin du 20 février 1965. Photographiée en 2008, il a malheureusement été retiré en 2011. Février 2008, collection L. Carré.

860224Après l'Auxance, la Nationale 10 franchit la ligne ferroviaire qui reliait Poitiers à Parthenay. Les lieux ont peu changé à l'exception de la route aujourd'hui en quatre voies. Collection L. Carré.

On arrive maintenant aux portes de Poitiers, les abords de la route se couvrent toujours plus de magasins et d'entrepôts. Le secteur a été profondément modifié par les travaux de la Ligne à Grande Vitesse entrepris depuis 2010. Il ne reste plus rien de l'ancienne Nationale 10, enfouie sous les nombreux ronds-points et l'enchevêtrement des piles soutenant les viaducs routiers et ferroviaires. On peut quand même faire une halte à l'étonnant musée d'art populaire "Chez Manuel" qui présente depuis 1977 une étonnante collection d'objets du quotidien mais aussi beaucoup de véhicules à deux, trois et quatre roues dont tous ont eu une histoire avec la Nationale 10. Pour visiter le musée de Manuel, cliquez sur l'image ci-dessous:

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860225Cette petite station AVIA bâtie à la fin des années 1950 était située quelques dizaines de mètres avant le musée "Chez Manuel". Elle fut démolie fin 2014. Février 2008, collection L. Carré.

860226Piste d'une ancienne station entre Poitiers et Chasseneuil disparue, comme la petite maison qui la jouxtait, lors des travaux de la L.G.V. Février 2008, collection L. Carré.

Poitiers (km 334)

Parmi les grandes agglomérations traversées par la Nationale 10, Poitiers fut l'une des premières à être entièrement déviée. C'est début 1970 que fut ouverte une voie rapide de 8 kilomètres permettant de contourner la ville par l'ouest, faisant par ailleurs disparaitre une grande casse-auto sous l'échangeur nord. Avant cela, l’accès historique à la capitale poitevine se faisait depuis plusieurs siècles par le pittoresque site des rochers du Porteau. Pour retrouver le tracé d'origine, il suffit de suivre les panneaux "Poitiers centre", la route descend doucement sur les bords du Clain et le longe sur près de 2 kilomètres. A droite, les falaises du Porteau relativement abruptes offrent un paysage qui ne manque pas de charme mais pas vraiment adapté à l'écoulement du trafic d'un grand axe routier....

 

860228Jusqu'en 1970 la Nationale 10 se faufilait entre le Clain et les rochers du Porteau, au nord de Poitiers. La station-service Total ravitaillait les automobilistes et les chauffeurs routiers jour et nuit. Les bâtiments existent toujours. Collection L. Carré.

860229Borne en pierre de la fin du XIXe siècle toujours en place sur les bords du Clain; le cartouche rouge est encore visible. Février 2008, collection L. Carré.

860229 1Petit atelier de mécanique quelques centaines de mètres avant la Porte de Paris. Février 2008, collection L. Carré.

pbcmobilgaz.jpgPublicité pour une station Mobil autrefois située dans l'étroite avenue de Paris "à 500 m". Février 2008, collection L. Carré.

Située dès le début de notre ère au carrefour de deux voies romaines majeures, Poitiers est un passage obligé entre Nantes et Lyon puis entre Tours et Bordeaux via Saintes. Avec l’essor du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, Poitiers devient une étape importante de la Via Turonesis, la voie de Tours. Le flux des pèlerins oblige la construction de ponts qui remplacent avantageusement les passages à gués et autres bacs. Les péages des pèlerins en marche vers l’Espagne entretiennent les édifices et financent les futures constructions. Mais Poitiers est aussi un lieu de pèlerinage en lui même avec la présence des tombeaux de Saint-Hilaire, évêque fondateur du diocèse de Poitiers et de Radegonde, épouse du roi mérovingien Clotaire II. L’église Notre-Dame-la-Grande est aussi un lieu de dévotion à la Vierge.

Au début du XVIIIe siècle, Poitiers connaît d’importants travaux d’urbanisme liés entre autres à la fréquentation de la route d’Espagne. La trame urbaine issue du Moyen-Age n’est plus adaptée à l’essor des échanges et les axes de communications doivent être repensés. La Porte Saint-Lazare, actuelle Porte de Paris, et sa faible largeur est déjà source d’encombrements ! En 1772, suite aux travaux de l’ingénieur Barbier, le tracé de la Grande Route d’Espagne est modifié pour passer désormais à l’ouest, sous les murs de la ville, sur les bords de la Boivre. Les futurs boulevard du Grand Cerf et du Pont d’Achard sont embryonnaires mais accueillent déjà la Route d’Espagne et ce jusqu’en … 1970 ! Avec l’arrivée du chemin de fer en 1851, ce quartier connaît un développement rapide y faisant glisser le centre de gravité de l’activité de la capitale poitevine.

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La Porte de Paris à la fin des années 1950. Au centre de la place Jean de Berry, la Tour du Cordier vestige de l'ancien château de Poitiers démoli en 1588. La Nationale 10 la contournait par la droite avant de bifurquer vers le boulevard Jeanne d'Arc puis celui du Grand-Cerf. En arrière plan, le garage Saint-Christophe était l'un des deux représentants de la firme SIMCA à Poitiers avant de passer sous les drapeaux Chrysler puis FIAT dans les années 1960. Collection L. Carré.

860232Ce double panneau Michelin situé porte de Paris nous précisait qu'il restait plus de 300 kilomètres pour rallier la capitale. Source cliché: INA.

Puis le boulevard Jeanne d'Arc se mue en boulevard du Grand Cerf. Le secteur fut ravagé lors des bombardements allemands du 19 et 21 juin 1940 et alliés du 13 juin 1944 avant d'être reconstruit dans les années 1950 dans un style plutôt impersonnel.

860233Le boulevard du Grand Cerf dans les années 1960 et ses immeubles modernes reconstruits après les destructions dues à la Seconde Guerre mondiale. Collection L. Carré.

Une fois le boulevard du Pont Achard gravi et la porte de la Tranchée symboliquement franchie, la Nationale 10 s’engage dans les longues avenues de la Libération et du 8 mai 1945 puis quitte Poitiers en traversant une vaste zone commerciale. Les paysages changent doucement, les toits de tuiles ont définitivement remplacé l’ardoise et les abords de la route prennent un caractère presque méridional.

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L'ancien garage des frères Barrat et sa facade art déco, avenue de la Libération à Poitiers. Ouvert dans les années 1920, l'atelier est d'abord concessionnaire Buick, Oldsmobile et Chevrolet. Jusqu'à la fin des années 1960, le garage restera affilié à la General Motors. Les amateurs de détails peuvent remarquer que les bâtiments ont complètement changé d'activité... Juillet 2010, collection L. Carré

C’est au sud de Poitiers que la RN 10 se mue en une route expresse jusqu’à Bordeaux. Jouxtant l’autoroute A 10 depuis Tours, le tracé des deux voies se sépare ici. L’A 10 s’écartant brusquement vers l’ouest en direction de Niort et de Saintes alors que la Nationale poursuit vers Angoulême.
A la fin des années 1960, alors que le tracé de la future liaison autoroutière entre Poitiers et Bordeaux n’est pas encore figé, deux options s’offrent aux pouvoirs publics. La première emprunte logiquement le tracé historique via l’Angoumois. La seconde déporte l’autoroute plus vers l’ouest dans le but de mieux desservir la côte Atlantique et de favoriser le développement du port de La Rochelle. Si la première solution a très longtemps été privilégiée, c’est contre toute attente la seconde qui est finalement retenue en 1973 par Olivier Guichard alors ministre de l’Aménagement du territoire. Les élus des Deux-Sèvres et de l’ouest de la Charente ont semble-t-il exercé d’importantes pressions économiques pour emporter le tracé définitif.

860234Publicité pour la station Shell de M. Cholet au sud de Poitiers. Collection A. Reix.

A titre de compensation, la Nationale 10 devait être progressivement aménagée en deux fois deux voies séparées, la quarantaine de villages et hameaux  entre Poitiers et Bordeaux devant être bien entendu déviés. Cette mise aux normes, initialement prévue pour 1980, prendra un retard considérable, elle n’est d’ailleurs toujours pas achevée aujourd’hui. La plupart des travaux furent réalisés dans les années 1980 et 1990, les derniers seize kilomètres sont actuellement aménagés entre Barbezieux (Charente) et Chevanceaux (Charente-Maritime), de nombreux carrefours restent encore à sécuriser. Très fréquenté de nos jours, le trajet via Angoulême offre l’avantage sur l’autoroute d’être plus court d’une trentaine de kilomètres et surtout d’être totalement gratuit !

Quoi qu’il en soit, l’ancienne RN 10 a été du fait littéralement ensevelie par ces travaux, seuls subsistent quelques tronçons historiques. Il ne faut pas hésiter à quitter la quatre voies dès que possible pour retrouver l’ancienne route aux abords des communes désormais toutes déviées.

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