"Paris-Biarritz" 2017

Souviens-toi, l'Atlantique...

C'est dans cet état d'esprit que fut organisée la première édition de "Paris-Biarritz" du 18 au 21 juillet 2017. C'est en empruntant au maximum la Nationale 10 historique que plusieurs équipages purent revivre l'esprit des grandes migrations estivales des Trente Glorieuses de Paris à la frontière espagnole. Chacun a pu, au volant de son auto ancienne, découvrir des régions chargées d'un riche patrimoine culturel et gastronomique mais aussi faire de belles rencontres. Même si seulement trois véhicules ont couvert l'intégralité des 765 km de la Nationale 10 historique, c'est au final une petite centaine de passionnés qui ont participé à cette première édition  sur quelques dizaines ou centaines de kilomètres entre la capitale et le Pays basque.

Alors en route pour revivre ce premier "Paris-Biarritz" !

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Etape 1: Paris - Sainte-Maure-de-Touraine, 255 km

L'ambiance estivale de cette belle journée du mardi 18 juillet est déjà perceptible lorsque les trois véhicules qui couvriront l'intégralité du trajet entre Paris et la frontière espagnole se garent porte de Saint-Cloud à deux pas des deux fontaines lumineuses. Une Ami 6 break de 1968, une 2 CV 6 de 1981 et un fourgon Trafic de 1981 s'apprêtent à "descendre" la Nationale 10 historique en quatre étapes. Après un café et quelques photos de rigueur, le petit cortège s'ébranle vers... l'Espagne.

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Paris, place de la porte de Saint-Cloud

La banlieue parisienne reste fidèle à sa réputation, même mi-juillet la circulation y demeure difficile. Le pont de Sèvres, la commune éponyme, Chaville, Viroflay s'enchaînent sans réel grand intérêt jusqu'à Versailles. Une première pause permet d'immortaliser le fameux panneau Michelin de 1952, situé face de la pièce d'eau des Suisses, où l'on peut encore déchiffrer le cartouche rouge "N 10". Après avoir traversé Saint-Cyr-l'Ecole, le cortège s'est arrêté au nord de Trappes à "La Fourche" là où autrefois la Nationale 10 donnait naissance à la Nationale 12, la grande route de Bretagne. A Rambouillet, le trajet s'est poursuivi sur l'ancienne Nationale 306, elle même Nationale 10 jusqu'en 1949, la route est pittoresque et bien moins encombrée qu'en passant par Ablis. Après la traversée relativement aisée de Chartres via la place des Epars, nous nous sommes arrêtés déjeuner au sud de Thivars au Relais Beauceron. L'établissement, ouvert en 1971, est toujours tenu par le fils des époux fondateurs et fait partie des lieux intimement liés à la Nationale 10.

Puis c'est sous un soleil de plomb que les villes se sont égrenées, Bonneval, Châteaudun , Cloyes-sur-le-Loir avant de traverser Vendôme avec l'immanquable passage sous la porte Saint-Georges qui vit passer le trafic Paris-Bordeaux-Espagne jusqu'en 1978 ! En fin d'après-midi nous abordons la Touraine avec les traversées de Château-Renault, de Monnaie et de Tours. C'est surchauffés et fatigués mais heureux que les pilotes de cette première étape gagnent Sainte-Maure-de-Touraine en début de soirée. Nous serons récompensés de nos efforts en étant accueillis dans une cave bien fraiche pour un apéritif dinatoire organisé par les membres de l'association "Nostal'10", merci à eux !

Etape 2: Sainte-Maure-de-Touraine - Angoulême, 185 km

Cette deuxième étape a débuté à La-Celle-Saint-Avant au restaurant routier "La Caravane" par un solide petit-déjeuner. Une Renault 6, une 2 CV et une DSuper se sont jointes au groupe pour la journée. Après avoir franchi la Vienne dans le centre de Châtellerault par le pont Henri IV, le groupe a stoppé au nord de Poitiers, à Chasseneuil-du-Poitou, pour visiter l'étonnant et dense Musée de Manuel:http://www.musee-chez-manuel.com/. Une Cadillac et sa caravane Hénon est venue grossir les rangs pour le reste de la journée.

Après une pause photo devant les pittoresques rochers du Porteau, nous avons traversé Poitiers sans encombre avant de déjeuner au relais de Vivonne. Boris, le propriétaire de l'attelage nous a offert un bien sympathique apéritif avant d'aller se restaurer dans la salle commune du relais routier ouvert en 1983.

Après le déjeuner le convoi s'est remis en marche vers le sud, rejoint aux Minières par un très beau coupé Jaguar. Nous avons retrouvé devant le calvaire de Chaunay une vingtaine de membres de l'Amicale Les Aut'Antiques des Vallées Charentaises pour effectuer ensemble le trajet jusqu'à Ruffec, voire jusqu'à Angoulême pour certains. C'est désormais une bonne trentaine de véhicules qui aborde le tronçon déclassé au nord des Maisons Blanches pour plusieurs allers-retours reconstituant ainsi la circulation d'autrefois. Il en fut de même entre "Chez Branger" et Ruffec sur près de 15 kilomètres pour le plus grand plaisir des participants et des photographes.

A Ruffec, la visite du garage quasi-centenaire de M. Lhuillier, qui fut longtemps agent Peugeot, puis de l'actuelle concession de la marque au lion tenue par M. Guyonnet furent l'occasion de faire une pause. Autour d'un verre de l'amitié, les deux professionnels de l'automobile nous ont fait part de leurs souvenirs liés à l'intense activité que la nationale apportait à la ville jusqu'à sa déviation en 1976. La route s'est poursuivie par le hameau des Nègres, la vallée de la Charente à Mansle, la traversée de Tourriers avant un dernier arrêt au dangereux virage de Buffevent quelques centaines de mètres avant La Chignolle. Le groupe est arrivé à Champniers, au nord de la banlieue angoumoise, en début de soirée. C'est au bord de l'ancienne RN 10 que nous avons passé la nuit, à l'ancien motel "PM 16" (devenu un hôtel Kyriad) après un copieux dîner au restaurant "Le Feu de Bois" qui accueille ses clients depuis 1969.

Etape 3: Angoulême - Labouheyre, 195 km

Le soleil, quelque peu timide sur l'agglomération angoumoise, a annoncé une journée plus calme que la veille. Le cortège s'est étoffé de quatre véhicules dont trois 2 CV et l'étonnante 404 pick-up artisanale de Florent. Sorti tout juste de restauration (on pourrait même dire de ... fabrication), cet exemplaire unique revisite ce qu'aurait pu être un pick-up de loisir imaginé pour le marché nord-américain. Nous sommes aussi accompagnés de Nicolas Montard, journaliste pour le Parisien entre autres, et de François Canar, photographe qui nous suivrons jusqu'à la frontière espagnole. Après une rapide traversée d'Angoulême et de La Couronne nous avons marqué un premier arrêt  photos devant une belle publicité pour les biscuits LU. Quelques kilomètres plus loin (et en prenant bien soin d'éviter la quatre voies), un second arrêt au hameau de Pétignac a permis d'immortaliser la désormais célèbre borne "N 10" qui s'y trouve. Retrouvée par un riverain dans un fossé elle a été remise en place sur le bord de l'étroite et sinueuse voie qui fut Nationale 10 jusqu'en 1956... Puis, après avoir gravi et dévalé la redoutée butte de Jurignac ce fut l'inévitable halte à "La Billette" devant l'ancien restaurant éponyme sous le regard protecteur du monumental Saint-Christophe de Maurice Lipsi. Une Volvo P 1800 et un coupé Peugeot 304 en ont profité pour se joindre à nous. Ayant pris du retard, les traversée de Pont-à-Brac Barbezieux et de Chevanceaux se sont enchainées pour arriver jusqu'à Pouillac où le café-bar de la famille Rozan nous accueillait pour un apéritif. Toute la famille Rozan (Claude, sa femme, sa fille devenue la patronne depuis 2013 et son mari) avait mis les petits plats dans les grands avec des produits régionaux, solides et liquides... Un très grand merci pour leur accueil et une étape obligée pour les usagers de la "10" !

Le déjeuner fut pris quelques kilomètres plus au sud, au restaurant "Les Deux Charentes" à Montlieu-Lagarde, encore une adresse historique.

Après un copieux déjeuner, retour sur le tronçon historique de Pierre Brune - Cavignac - Saint-André-de-Cubzac. A Marsas, nous sommes très sympathiquement acceuillis par Mme Soum pour une dégustation de la fameuse "La Pissotière de l'Impératrice". Cette cuvée, un Bordeaux supérieur, est élaborée sur une parcelle où, en 1809, Joséphine de Beauharnais se serait "soulagée" lors d'un de ses voyages sur la route d'Espagne suivant son empereur de mari. Puis c'est le franchissement de la Dordogne par le pont Eiffel à Cubzac-les-Ponts, l'un des moments attendus par les voyageurs. Nous rentrons doucement dans l'agglomération bordelaise par Carbon-Blanc, Lormont et Cenon. Le pont de pierre sur la Garonne étant en travaux, nous traversons le fleuve par le pont Saint-Jean avant de revenir sur la Nationale 10 historique à la hauteur de Talence. A Gradignan, nous retrouvons une quinzaine de voitures, dont une large majorité de Simca Vedette, pour une dégustation de cannelés de Bordeaux devant le prieuré de Cayac.

Après cette pause les Simca, Peugeot, Renault et Citroën se sont lancées à l'assaut de la traversée de la forêt landaise via Le Barp, Belin-Béliet et le Muret où nous avons immortalisé les voitures devant l'ancien hôtel-restaurant "Le Caravanier". Nous faisons la rencontre de la propriétaire qui ne manque pas de nous relater quelques "tranches de vie" du lieu. Après avoir salué les Simca qui ont rebroussé chemin vers Bordeaux, merci encore à Alain Sciacaluga du club Vedette France, le cortège a achevé cette troisième étape à Labouheyre.

Etape 3: Labouheyre - Hendaye - Béhobie, 130 km

La nuit à l'hôtel "Le Brémontier", ambiance vintage garantie, fut calme et reposante. Le ciel gris laisse présager une pluie qui ne tardera pas à faire son apparition. Cette ultime étape débute par une visite in situ du centre de Labouheyre et des derniers vestiges du passage de la Nationale 10, autrefois 132, jusqu'à l'ouverture de la déviation en 1972. Au moment du départ le démarreur de l'Ami 6 nous rappelle à son bon souvenir. Heureusement on peut compter sur l'entraide du groupe comme ce fut le cas la veille avec le circuit de charge capricieux de la 404.

Les hameaux et petites bourgades de la forêt des Landes, tous d'anciens relais de poste, s'enchainent au rythme régulier d'une quinzaine de kilomètres. A Laharie après avoir photographié une borne "N 132" et une plaque de cocher idoine, un riverain nous fait part de ses souvenirs, souvent dramatiques, sur le passage de la route Paris-Bordeaux-Espagne le long de sa maison. Ce sympathique monsieur nous fait aussi découvrir un blockhaus de la Seconde Guerre mondiale perdu au beau milieu de la lande. C'est maintenant sous la pluie que nous abordons Le Souquet puis Castets et Magescq. A Saint-Geours-de-Maremne, nous somme attendus par Didier et son épouse, tourangeaux établis une bonne partie de l'année au Pays Basque, qui nous servirons de guides jusqu'à la frontière.

La traversée de Saint-Vincent-de-Tyrosse est ralentie du fait de la préparation des fêtes de la ville ce qui permet au convoi de ne pas passer inaperçu. La pluie ayant cessé nous stoppons à Labenne pour retrouver des membres du club Auto Retro du Seignanx qui nous ont préparé un très agréable apéritif avant d'aller déjeuner à Ondres.

Après un repas au restaurant "Le Cassiet" au rapport qualité/prix imbattable le périple commencé Porte de Saint-Cloud a affronté ses derniers kilomètres. Nos hôtes landais ont décidé de contourner une bonne partie de la "B.A.B", l'agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz" au trafic particulièrement dense en cette période estivale. Puis ce fut l'arrivée sur Biarritz où le convoi a emprunté l'ancienne Nationale 10 B suivant la côte jusqu'à Bidart. A la sortie de Saint-Jean-de-Luz, nous avons choisi d'emprunter la fameuse route de la Corniche basque, ex RN 10 C pour profiter de paysages à couper le souffle entre l'Océan et la Rhune. L'arrivée à Hendaye-Plage sonnait le glas de notre aventure et c'est le sentiment du devoir accompli que nous sommes arrivés au poste frontière d'Hendaye. Après avoir sagement alignés les véhicules, les vaillants participants ont pu immortaliser l'instant avec en toile de fond le pont international et l'ancien petit bâtiment de la gendarmerie qui arbore toujours la mention "Frontière". Une fois l'émotion contenue, le groupe est allé déguster un rafraichissement bien mérité en Espagne, sur l'autre rive de la Bidassoa avant de revenir sur la "vraie" Nationale 10 à Béhobie. Puis ce furent les tous derniers kilomètres jusqu'à Urrugne sous l'ombre bienveillante des platanes séculaires. Le dernier dîner commun au restaurant Arotzenia d'Urrugne mettait un terme à ces 795 kilomètres avec un soupçon de mélancolie mais avec la ferme envie de recommencer l'année prochaine !

Bravo !

Pour conclure cet article je voudrais simplement remercier et féliciter tous ceux qui ont participé à cette première édition de "Paris-Biarritz" et plus particulièrement Alex, Stéphane, Isabelle, Léandre, Emile, Aurélien et Stéphane qui ont accompli l'intégralité du parcours. Mention particulière à Florent et à Jean-Paul qui nous ont accompagnés d'Angoulême à la frontière avec leur 404 pick-up tout juste sortie de restauration.

Merci aussi à l'équipe de "Nostal'10" de Sainte-Maure-de-Touraine, à Boris, à Francis Gasseling, à M. Lhuillier et M. Guyonnet de Ruffec, à la famille Rozan de Pouillac, à Mme Soum et sa "Pissotière", à Alain Sciacaluga, à Didier et à Chantal et à Alain Davadan.

Enfin, un grand merci à Nicolas Montard journaliste et à François Canar qui m'a permis d'utiliser ses clichés.

Je vous donne d'ores et déjà rendez-vous en juillet 2018 pour la seconde édition de "Paris-Biarritz".

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